CHAPITRE XI

Cai, ses ailes massives gracieusement repliées, était debout sur un perchoir près de la tente gris ardoise de Duncan. Ses yeux, alertes et brillants, suivaient tout ce qui se passait dans la Citadelle.

Je venais de sortir de la tente. Duncan, Finn et l'enfant finissaient de manger. Alix avait amené du pain frais, mais elle était repartie vers une autre tente.

J'avais revêtu un manteau de laine cheysuli pour lutter contre le froid du crépuscule ; le vert sombre du vêtement se fondait dans l'obscurité. C'était l'un des secrets de l'efficacité des Cheysulis : se confondre avec l'environnement, et attendre que l'ennemi arrive à eux.

Cai me regarda, une intelligence humaine brillant dans ses yeux d'oiseau. Plus qu'humaine, car un lir vaut mieux qu'un homme, c'est du moins ce que prétendent les Cheysulis. Connaissant Storr de longue date, je n'avais aucune raison d'affirmer le contraire.

Je frissonnai, et ce n'était pas de froid. Mon regard s'attarda sur Cai, le grand faucon qui connaissait l'avenir, mais ne le divulguait à personne, pas même à Duncan, qui servait pourtant si bien ses dieux.

Le pouvoir de se métamorphoser était magique, mais le prix à payer, en sacrifice et en sang, me paraissait si élevé que je n'aurais pas voulu être à leur place.

Je retournai à la tente, soulevai le volet de l'entrée. Trois paires d'yeux jaunes se fixèrent sur moi.

Des yeux de bête...

Même l'amitié n'empêche pas de ressentir des restes de peur devant de tels yeux.

— Je vais aller inspecter mes troupes. Il y a bien longtemps que je ne l'ai fait.

Finn se leva, tendant son gobelet à Duncan. La lumière joua sur le manche de son poignard, et je me souvins que je n'en avais plus. Ce qu'il restait de l'arme caledonane gisait dans la neige, près de Joyenne.

Finn jeta un manteau sombre sur ses épaules. Le vêtement cachait l'or qui ornait ses bras. Ses cheveux noirs, ramenés en avant, dissimulaient sa boucle d'oreille. Je ne voyais plus que ses yeux jaunes.

— Y allons-nous ? fit-il.

— Nous y allons.

Je regardai Duncan et son fils.

— Je penserai à ce que vous m'avez dit au sujet de Rowan. Je lui parlerai, et j'essaierai de comprendre ce qu'il y a dans son cœur.

Il me sourit. Avec son fils à ses côtés, l'avenir de sa race, Duncan me parut jeune de nouveau.

Finn et moi allâmes à nos chevaux, qui étaient restés sellés. Si près de Mujhara, les Cheysulis étaient toujours sur le qui-vive. Il en allait de même pour moi.

— L'armée ne doit pas être loin. Je pense que les Homanans mesurent la valeur de trois cents guerriers cheysulis.

— Ils la comprendront quand nous en aurons fini avec eux, dis-je.

Il rit doucement.

Je détachai ma monture ihlinie ; bientôt nous fûmes en chemin. Storr nous suivit, gardant mes arrières tandis que Finn assurait l'avant-garde.

La lune était pleine, disque d'argent dans le velours sombre du ciel nocturne, entourée par les myriades de diamants des étoiles. Nos chevaux faisaient craquer des brindilles ; le chant des grillons saluait notre passage. Un insecte effleura mon visage dans sa quête de la lumière. Mais la nuit était impénétrable au cœur de la forêt.

La joie d'être de retour en Homana me submergea soudain, si forte que je pouvais à peine respirer. Oui, pensai-je, la magie des lirs était parfaite pour Finn et sa race, mais je n'avais besoin que d'Homana...

Finn me conduisit à une petite vallée dissimulée au cœur de la forêt, où scintillaient de faibles lumières, à peine plus vives que celles des lucioles. Comme les Cheysulis, mon armée se cachait dans la pénombre. Pour moi qui connaissais sa présence, elle n'était pas trop difficile à déceler. Pour un étranger, elle aurait été presque invisible.

— Halte-là ! cria une voix.

Mon armée était bien gardée.

— Qui servez-vous ? reprit la voix.

— Karyon le Mujhar, dis-je.

— Combien êtes-vous ?

— Trois. Un Homanan, un Cheysuli et un lir

— Des armes ?

— Une épée, un arc... et un guerrier cheysuli.

— Avancez, grogna la voix. Vous êtes sous surveillance.

Finn passa d'abord, puis moi et enfin Storr. Je calculai qu'il aurait fallu au moins dix d'entre eux pour nous arrêter, peut-être plus. Mais il s'agissait de mon armée.

Les hommes qui nous attendaient étaient silencieux, le visage grave et méfiant. Ils regardaient Storr avec inquiétude ; pour eux, c'était seulement un loup. En Finn ils reconnurent un guerrier cheysuli. Je crois qu'ils ne me prêtèrent guère attention, excepté à ma taille.

Le chef s'avança. Il avait un poignard à la ceinture, et une épée. Il était de petite taille mais bien proportionné ; ses cheveux roux grisonnant étaient coupés court, et il avait des yeux verts étonnants. L'homme semblait taillé pour être soldat. Je sus immédiatement qu'il était un vétéran de la guerre contre Solinde.

D'autres guerriers s'étaient rassemblés autour de lui. L'éclairage était faible, et je ne distinguais pas de visages, seulement un amalgame de silhouettes à demi cachées par les ténèbres.

— Quel est votre nom ? demandai-je au chef.

— Zared. Le vôtre ?

— Mercenaire. Et voici Finn, et Storr le loup. Je suis Homanan de naissance, et je souhaite aller en guerre. ( Je fis une pause. ) Mon nom est Karyon.

Les yeux verts de Zared se plissèrent.

— Mettez pied à terre.

J'obéis, et laissai l'homme m'examiner.

— J'ai combattu avec le prince Fergus. J'ai vu son fils fait prisonnier par Thorne en personne. Prétendez-vous être ce garçon ?

Sa voix reflétait ses doutes.

Je lui montrai mes poignets. Dans la pénombre, les cicatrices étaient presque noires, comme des bracelets incrustés dans ma chair. Zared leva les yeux.

— On raconte que Karyon a été tué en exil.

— C'est faux. Voulez-vous d'autres preuves de mon identité ?

— Beaucoup d'hommes ont été enchaînés.

— Prenez l'épée qui est dans ma sacoche.

Un des hommes, sur un geste de son chef, détacha le fourreau de ma selle et l'apporta à Zared. Il sortit la lame et les runes scintillèrent dans la faible lumière. La garde avait été de nouveau enveloppée de cuir brut.

— Regardez ce qu'il y a en dessous, dis-je.

Il coupa le cuir avec son couteau, et l'or apparut. Le lion rampant, et l'énorme œil rouge du rubis.

— Voilà quelque chose que je reconnais, dit l'homme avec satisfaction.

Il me rendit l'épée.

— Si vous pensiez que j'étais mort, pourquoi rejoindre l'armée du Mujhar ? demandai-je, intrigué.

— Je suis un soldat. Je sers Homana, même s'il n'y a plus de Mujhar. Mais avant, peu étaient décidés à se battre. ( Il sourit. ) Maintenant, nous sommes forts de plus de mille hommes, et nous avons enfin un prince pour chevaucher à notre tête.

Je remontai sur mon cheval après avoir suspendu mon épée aux sacoches.

— Dites-moi où je peux trouver Rowan, demandai-je.

— Vous voulez lui parler ? fit Zared, surpris.

— Oui. C'est lui qui a mis cette armée sur pied.

— Mon seigneur... marmonna l'homme. On dit qu'il est cheysuli... Les Cheysulis ne dirigent pas les Homanans.

Je réfléchis, interdit. Je tenais Zared pour un soldat de valeur, et un homme honnête. Pourtant, même en connaissant les talents des Cheysulis, il continuait de leur en vouloir.

Je pris une grande inspiration.

— Tout homme qui hait les Cheysulis sera immédiatement éliminé de notre armée. Je ne discuterai pas de ce que la purification de Shaine a mis comme idées préconçues dans votre esprit, mais je ne tolérerai aucun ostracisme au sein de ma propre armée. Que ceux qui sont d'accord avec la politique d'extermination de Shaine partent immédiatement. Nous n'en voulons pas.

— Mon seigneur...

— Nous n'en voulons pas, répétai-je avec fermeté. Nos ennemis sont Bellam et Tynstar, pas les Cheysulis. Ils nous servent trop bien ! ( Je pris les rênes de ma bête. ) Dites-moi où je peux trouver Rowan.

Il m'indiqua le chemin.

— Pensez à ce que je viens de vous dire. Quand nous aurons gagné la guerre, les Cheysulis seront de nouveau libres. Dans mon armée, cela commence maintenant.

— Mon seigneur...

Je n'attendis pas ses commentaires et je lançai mon cheval au galop.

Rowan était seul près de son petit feu. Il avait l'air pensif. Son secret avait été exposé, et son âme était pleine de tristesse.

J'allai vers lui. Il releva la tête. Pendant un instant il me regarda fixement, perdu dans ses pensées, puis il mit un genou en terre. Il me regarda, et je compris.

Il avait toujours su ce qu'il était.

— Pourquoi m'avoir caché la vérité ? dis-je.

— Avais-je le choix ? Je savais qu'on me rejetterait pour ce que je suis... Et c'est arrivé !

— Raconte-moi, demandai-je doucement.

— J'avais cinq ans... Les soldats du Mujhar ont assassiné ma famille. J'ai couru, je me suis caché. Mon jehan, ma jehana et ma rujholla n'ont pas été assez rapides. Ils ont été tués.

Les mots cheysulis me surprirent dans la bouche de Rowan, qui avait toujours parlé homanan sans accent.

Finn s'était approché, et je remarquai à quel point Rowan et lui se ressemblaient. Peut-être même étaient-ils parents.

— Je n'avais pas le choix. J'ai été recueilli par un couple ellasien qui était venu vivre à Homana. J'étais en sécurité, tant que je ne disais rien. Maintenant, tout a changé.

— Tu devais penser qu'on découvrirait qui tu étais...

— J'imaginais que cela risquait d'arriver... Mais la plupart des jeunes, à Homana, n'avaient jamais vu un métamorphe de leur vie... ( Il me regarda; ) Oui, je sais ce que je suis ; et ce que je ne suis pas. Je n'ai pas de lir.

Je pensai à Finn, et à ce que signifiait pour lui l'absence de lir. Mais Rowan n'en avait jamais eu. Cela ne devait pas être la même chose. Je me souvins des hommes, dans la taverne où Lachlan et moi l'avions trouvé. Rowan était celui que les recrues avaient suivi. D'autres étaient venus par le bouche à oreille, mais c'était Rowan qui avait lancé le mouvement.

— Qu'importe, dis-je. Les hommes de valeur savent reconnaître un des leurs. Ils ne les jugent pas à la couleur de leur yeux ou à l'or de leurs bijoux.

Je réalisai alors qu'il ne portait pas de gage-lir. Il n'en avait pas le droit.

— Les dieux t'aveuglent, me dit Finn, méprisant.

Je le dévisageai, choqué.

— Essaies-tu de détruire ce qu'il reste de lui ?

— Non. Je dis la vérité. Demande-lui. Il est sans lir : incomplet ; un homme sans âme. Comme toi, il n'est pas béni des dieux. ( Il continua sans tenir compte de ma protestation. ) Il n'est pas un guerrier du clan, puisqu'il n'a pas de lir. A sa mort, il ne sera pas accueilli par les anciens dieux.

Mes doigts se refermèrent sur son biceps. Jamais je n'avais ressenti une telle colère contre lui.

Il attendit que je me calme. Je retirai ma main ; il m'expliqua ce qu'il avait voulu dire.

— Il a renoncé sciemment à son héritage, Karyon. Il en paye le prix.

Finn regarda le jeune homme.

— Je n'aurais pas pu vivre avec ce qu'il a fait, murmura-t-il.

— Ne l'écoute pas, Rowan. Finn ne sait pas toujours quand il doit se taire...

— Il a raison, répondit Rowan. Mon seigneur, vous ignorez beaucoup de choses au sujet des Cheysulis. Moi aussi, car j'ai renoncé à mon âme. ( Un sourire amer déforma sa bouche. ) Finn a raison, je sais ce que je suis : un homme sans âme, incomplet, sans lir. J'ai fait ce choix par peur. Quand le moment de nouer le lien-lir est venu, j'ai cru que j'allais en mourir.

— Tu as su quand le moment arrivait ?

— Oui. J'ai été malade pendant des jours. Mes parents adoptifs ont pensé eux aussi que j'allais mourir. C'était terrible, ce besoin, ce vide en moi... La tristesse de nier cette impulsion...

— II te suffisait de répondre à l'appel, reprocha Finn. Les dieux avaient pris la peine de créer un lir pour toi, et tu l'as laissé mourir. Ku'reshtin ! Tu mérites la mort pour ce que tu as fait.

— Finn ! Ça suffit ! Je veux ton aide, pas que tu condamnes un homme dont j'ai besoin.

— II est vivant, alors que son lir est mort ! C'est le prix qu'ils payent si le lien n'est pas formé au moment adéquat. Cela fait de lui un meurtrier, Karyon.

— Cela suffit, répétai-je. Laisse Rowan tranquille. Tu en as dit plus que nécessaire.

— J'en dirais plus si cela lui faisait réaliser ce qu'il a fait !

— Je sais ce que j'ai fait ! cria Rowan en se redressant. Croyez-vous que je n'en souffre pas ? Je vis tous les jours avec cette malédiction, métamorphe !

Je compris que tous deux souffraient : Rowan, pour ce qu'il n'aurait jamais ; Finn, parce qu'il ne comprenait pas qu'un Cheysuli puisse renoncer à sa magie et survivre. J'étais le seul étranger dans ce drame : un Homanan qui ne comprendrait jamais ce que c'était d'avoir un lir, ou d'y avoir renoncé.

— J'ai besoin de vous deux, dis-je avec fermeté. Je ne tolérerai aucun conflit entre mes hommes, que ce soit Homanan contre Cheysuli, ou entre hommes d'une même race. ( Je soupirai. ) Je me demande si je comprendrai jamais les Cheysulis...

— Je sais au moins, dit Rowan en regardant Finn, qu'un homme sans lir ne peut connaître la grâce des dieux, ni comprendre la prophétie.

Finn se mit à rire,

— Tu n'es pas entièrement sans âme, je vois ! Tu es assez cheysuli pour réaliser cela.

La tension diminua quelque peu. Je retournai vers mon cheval ihlini en pensant que l'univers des Cheysulis était bien compliqué.

Je réunis mes troupes le lendemain dans la petite vallée encaissée. J'avais encore relativement peu d'hommes sous ma bannière, mais il en arrivait tous les jours de nouveaux.

Je parlai à mon armée. Je hurlai, plutôt, car il m'était difficile de me faire entendre de tous, mais je le fis sans colère. Je leur dis que nous étions bien inférieurs en nombre, car je ne voulais pas envoyer ces hommes à la mort sans qu'ils sachent quels risques ils couraient. Puis je leur expliquai que nous étions trop peu nombreux pour des batailles rangées. Notre tactique serait le harcèlement, qui nous laissait plus de chance d'infliger des pertes à Bellam.

Je formai des unités, séparant Homanans et Cheysulis, ce qui me paraissait plus prudent. De nombreux Homanans étaient assez vieux pour se souvenir des jours d'avant le qu'mahlin, et ceux-là connaissaient les dons de combattants et de tacticiens des Cheysulis. Je nommai ces vétérans chefs des détachements de harcèlement. Je comptais sur eux pour faire taire les rumeurs de mécontentement concernant les Cheysulis : ils préféraient certainement les avoir comme alliés que comme adversaires.

Je nommai les capitaines. Je mis Rowan à la tête des hommes qu'il avait recrutés dans la taverne. Il était trop jeune pour être accepté par les autres Homanans, et les Cheysulis le rejetteraient aussi, si j'en jugeais par la réaction de Finn.

Je donnai aux capitaines mission d'entraîner leurs hommes à la tactique de guérilla que nous allions utiliser : fondre sur l'ennemi, en tuer autant que possible, et repartir aussitôt : rapide, efficace, des pertes moindres dans nos rangs. C'était le protocole guerrier cheysuli ; je savais qu'il pouvait fonctionner si mes hommes s'y appliquaient.

— Tu les as domptés, me dit Finn.

— Tu crois ? dis-je en souriant. Tu n'as donc pas entendu tous les reproches qu'ils ont marmonnés en partant...

— C'est dans la nature humaine de se plaindre. Je pense que tu as gagné leur cœur.

Finn tira un objet de sa ceinture et me le tendit. C'était mon poignard, celui qu'il m'avait donné tant d'années auparavant, et que je cachais dans mes sacoches.

— Je l'ai sorti de tes affaires, dit-il. Le Mujhar porte toujours son poignard cheysuli à la ceinture.

Je pris l'arme et je racontai alors à Finn en détail comment j'avais perdu l'autre. Je lui parlai de la bête magique invoquée par le sorcier et de mon combat contre le monstre.

— Il y a beaucoup de choses que j'ignore sur les Ihlinis, dit Finn. Ils se dissimulent dans un voile de mystère, mais on dit que leurs dons sont similaires aux nôtres, même s'ils ne sont pas semblables.

— Tu veux dire qu'ils peuvent se métamorphoser ?

— Non. C'est un don propre aux Cheysulis. Mais ils peuvent altérer la forme des objets. Si tu avais porté ce poignard, dit-il en montrant la lame à ma ceinture, il n'aurait pas pu créer son monstre, car cette arme est cheysulie, et nos pouvoirs neutralisent les leurs. Sinon ils peuvent transformer presque n'importe quoi et s'en servir comme d'une arme contre leurs ennemis.

Je sentis la nausée m'envahir. J'avais combattu la bête monstrueuse, sachant qu'elle était d'origine magique. Mais je n'avais pas pensé à ce que Finn venait de me dire. Avec un tel pouvoir sur les objets, les Ihlinis étaient encore plus dangereux que j'avais cru.

— Que peuvent-ils faire d'autre ? demandai-je. A quoi dois-je m'attendre ?

— A tout, répondit Finn simplement.

Ce qui ne fit rien pour me rassurer.

Je regardai mes troupes s'enfoncer dans la forêt, où elles reprendraient l'entraînement avec leurs capitaines. Tout ça pour dépouiller Bellam de son pouvoir et me permettre de reprendre mon dû.

L'inquiétude monta en moi.

— J'ai peur, dis-je, attendant que Finn se moque de moi, ou me montre du mépris.

— Un homme sensé connaît forcément la peur, face à de tels ennemis, fît-il calmement. Il ment s'il affirme le contraire.

J'eus un rire un peu gêné.

— Je ne suis pas un menteur, dis-je. Un idiot, peut-être, mais pas un menteur. Ce qui nous attend...

— ... Nous l'affronterons suivant la volonté des dieux, termina-t-il. ( Il fit le geste familier. ) Tahlmorra, mon seigneur.

Il referma la main en un poing serré : le symbole de la guerre que nous allions entreprendre.